jean carre

Articles et textes divers

VÉRITÉ INTEMPORELLE ET POUVOIR TEMPOREL

Il y a quelques décennies à peine, on pouvait encore entendre le boulanger, le laitier, le facteur ou les simples passants chanter sur la rue ; aujourd’hui un silence de plomb s’est étendu sur les cœurs et les esprits. La simple joie de vivre individuelle et collective déserte de plus en plus nos existences et les citoyens sont de plus en plus confus et perdus. Où que le regard se tourne dans les chancelleries d’Occident, il ne rencontre que des ignorants, des pantins, des pleutres, des larves. Il n’y a plus de chefs en Occident, de vrais chefs dotés d’envergure de vision et de puissance d’action.
(…)
La valeur véritable du roi, le fondement de son autorité absolue, ce par quoi il est aimé, respecté, craint et obéi, dépasse sa valeur simplement humaine et n’a absolument rien à voir avec son intelligence, sa sagesse, sa diplomatie, son courage, sa compassion et encore moins la force brute ou l’argent, ce qui est le lot de civilisations dégénérées. Ce n’est que très accessoirement et ponctuellement qu’un vrai roi fera usage de la force pour faire sentir son autorité. La Couronne est là d’abord et avant tout pour servir, non pour sévir. S’il n’impose pas le respect par sa seule présence, s’il ne galvanise pas ses sujets par sa seule apparition, il n’est pas digne de régner. C’est le destin, la fortuna tant mise de l’avant chez les premiers Romains, qui le fait roi ou empereur, non des actes humains. C’est à partir de là qu’elle peut consacrer l’auctoritas (autorité) du souverain et légitimer son pouvoir temporel. Dans une civilisation traditionnelle, tout part du sacré et y ramène. Un Roi, un Prince, s’il est vraiment un Prince, est Fils de Dieu : le pouvoir temporel tire sa légitimité et son autorité d’en haut et non d’en bas. Cela était évident, reconnu et fondamental dans les civilisations traditionnelles ; c’était là le fondement de principe et c’est cela qui compte, peu importe les aléas de l’histoire. Fonder le pouvoir temporel sur l’opinion volatile de la majorité est une absurdité.

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CLÉ D'OR ET CLÉ D'ARGENT

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Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi l’emblème de la papauté comportait une clé d’or et une clé d’argent ? Le symbolisme est universel, très ancien et profond. Ces clés se réfèrent au paradis céleste, au paradis terrestre et plus globalement aux rapports entre autorité spirituelle et pouvoir temporel. Dans toutes les authentiques traditions de l’humanité, le pouvoir temporel fut toujours en quelque sorte assujetti à l’autorité spirituelle, peu importe sa forme particulière dans chaque civilisation, qui seule pouvait lui conférer sa légitimité. La clé d’or représente la lumière solaire, directe et reposant sur elle-même (svadhā en sanskrit), alors que la clé d’argent représente la lumière lunaire, indirecte et reposant entièrement sur la lumière solaire.

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LE TOMBEAU VIDE

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La nuit avait laissé ses larmes de rosée sur les coquelicots. Dans l’air tiède de ce dimanche matin, les dernières brumes rôdaient encore autour des collines de Jérusalem, vestiges évanescents d’un mystère nocturne immémorial. En ce lendemain du repos traditionnel, la rumeur de l’antique cité allait bientôt reprendre. Mais pour l’instant, la lumière d’avril coulait à nouveau sur les toits, se glissait dans les ruelles pour entrer sans bruit par les fenêtres. Au milieu de leur bulle de vacarme, les habitants recommençaient à bouger dans la cité, sans même remarquer l’accolade de silencieuse paix par laquelle la nuit accueillait la frange extrême du premier orient. Mais le grossier pourra-t-il jamais saisir le subtil? «La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie.» Cette phrase, revenue en moi en cadence tout au long de ma vie, résonnait à nouveau en ce dimanche matin d’avril 1999. Assis en silence dans les collines de Ein Karem, je songeais à un autre dimanche matin, il y a longtemps, il y a très longtemps.La plupart des habitants de la cité sommeillaient encore, certains toujours sous le choc et la confusion de ces premiers jours d’avril de l’an 33 [1]. Mais la majorité cuvait toujours leur indifférence, sans prêter attention au curieux silence flottant autour des collines de Judée ce matin-là. La nuit avait déjà commencé à s’éclaircir. Une jeune femme se hâtait dans l’aurore encore imprécise. Au terme d’une course sans arrêt, Marie [2] frappa discrètement, mais non sans une certaine frénésie, à la porte d’une demeure secrète. On lui ouvrit finalement et au bout de quelques instants prégnants, deux jeunes hommes en sortirent en trombe. Pierre et Jean accouraient maintenant en sens inverse. La nuit s’était désormais presque retirée. La lumière allait bientôt emplir le ciel et la terre, mais les hommes dormaient. D’ailleurs, ils dorment encore.Jean, plus rapide que Pierre, distança celui-ci et arriva le premier au tombeau. Il attendit néanmoins son arrivée et lui laissa le privilège de pénétrer le premier.Alors entra à son tour l’autre disciple, arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut.Jean 20, 8
[1] Des scientifiques de l’Université d’Oxford, se basant sur des calculs pour reconstituer le calendrier juif et dater une éclipse lunaire qui, d’après les Écritures et autres documents, aurait suivi la crucifixion de Jésus, en sont arrivés à la conclusion que celui-ci serait mort le 3 avril 33, ce qui placerait la découverte du tombeau vide aux premières heures du 5 avril de cette année-là.

[2] Marie de Magdala

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LE TANTRĀLOKA

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C’est  au Xe et XIe siècles que la vallée du Cachemire a vu vivre l’un des plus grands génies de l’Inde, Abhinavagupta. Initié à toutes les tendances du shivaïsme non duel du Cachemire, ce grand mystique totalement fondu en Śiva a laissé une œuvre écrite remarquable par son ampleur et son éclat, dont le plus magistral ouvrage est sans aucun doute le volumineux Tantrāloka (La Lumière sur les Tantras), véritable somme du shivaïsme non duel du Cachemire. Métaphysicien, habile pédagogue, poète, fin lettré possédant une maîtrise exceptionnelle de la langue, musicien, grand esthète, il a brillé dans tous les domaines où l’a conduit son énergie débordante.

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Expérience esthétique et expérience mystique

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C'est l'Inde traditionnelle qui a le plus médité, pensé discuté et écrit sur l'expérience esthétique. Le grand maître spirituel Cachemire Abhinavagupta affirme que la poésie et l’amour existeront toujours sur terre. Ils embraseront sans cesse les hommes au cœur ardent avec une vie nouvelle. C’est une partie essentielle de la nature humaine et les poètes, puisant sans cesse à cette source, loin de l’épuiser, ne feront que la purifier et l’enrichir d’expériences nouvelles et toujours changeantes. Ce mystique et grand esthète ne fut pas le premier à nous livrer ses réflexions sur le rasa, l’expérience esthétique, mais il fut certes celui qui a défini le plus finement la nature et les mécanismes de cette expérience à mi-chemin entre la vie mondaine et la vie mystique. À la toute fin du Xe siècle, Abhinavagupta a mis au point une théorie magistrale de l’expérience esthétique. Tout comme son fameux Tantrāloka lui avait permis de laisser libre cours à son génie en englobant dans une synthèse magistrale les enseignements non duels du Cahemire, l’Abhinavabhāratī  [1] fut l’occasion d’appliquer le même génie à une explication globale de la jouissance esthétique, de la poésie, du drame et de la musique. Il y commente, entre autres, le Nāṭyaśāstra de Bharata et le Dhvanyāloka d’Ānandavardhana. Comme d’habitude, il plonge au cœur même du sujet et, mille ans plus tard, on n’a guère fait mieux ni en Orient ni en Occident. Abhinavagupta fut le premier à mettre aussi clairement en relief la nature profondément spirituelle de l’expérience artistique : le plaisir esthétique et la joie mystique sont de même nature.

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[1] Ce fin jeu de mots dans le titre est caractéristique d’Abhinavagupta. Abhi signifie « au sujet de » (ou encore marque l’intensité) et nava « nouveau » ; les deux font bien sûr partie du nom d’Abhinavagupta lui-même. Le mot bhāratī porte plus d’un sens. Bharata fait évidemment référence à l’auteur du Nāṭyaśāstra, mais c’était un nom destiné à préserver l’anonymat de l’auteur, puisque ce mot veut dire « acteur », « barde » (ce dernier mot français serait-il apparenté ?). Le mot bhāratī pourrait alors signifier la dramaturgie et le titre pourrait se lire : « De la dramaturgie renouvelée » ou « La dramaturgie complètement renouvelée ». Mais voici que Bhārata est aussi le nom de la vaste contrée que nous appelons aujourd’hui Inde, nom hérité de l’antique clan des Bharata. Le titre serait alors « L’Inde complètement rajeunie », ou, selon Sunthar Visuvaliṅgam, « La Voix de l’Inde rajeunie ».

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Le Chemin de campagne

Un merveilleux petit texte à saveur poético-philosophique écrit en 1948 par Martin Heidegger.

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Ce texte a été écrit à l’automne de 1948 pour le Recueil commémorant le 100e anniversaire de la mort du compositeur allemand Conradin Kreutzer, et publié dans ce recueil.

Tirage à part 1956 (chez Clostermann, à Francfort-sur-le-Main).

Traduction française par André Préau, publiée dans Heidegger : question III et IV, Gallimard, collection Tel numéro 172, Paris, 1990, ISBN-2-07-072130-2.

LE PLUS GRAND MIRACLE EST LA DÉCOUVERTE «JE SUIS».

Chapitre 5 de «L'Ultime Guérison»
(livre traduit de l'anglais par Jean Bouchart d'Orval)

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LE PLUS GRAND MIRACLE EST LA DÉCOUVERTE «JE SUIS».

Un entretien percutant qui va droit à l'essentiel avec Nisargadatta Maharaja
«Si vous désirez vraiment comprendre ceci, vous devez délaisser votre identification à votre corps. Servez-vous de votre corps, bien sûr, mais ne vous considérez pas comme le corps quand vous agissez dans le monde. Identifiez-vous à la conscience qui séjourne dans le corps ; vous devriez vous activer dans le monde sous cette identité. Est-ce possible ?
Tant que vous vous identifierez au corps, votre expérience de la souffrance et de la peine augmentera jour après jour. Voilà pourquoi vous devez délaisser cette identification et vous identifier à la conscience. Si vous vous prenez pour le corps, cela signifie que vous avez oublié votre Soi véritable, qui est l’ātman. La souffrance est le salaire de celui qui s’est oublié lui-même. Quand le corps succombe, le principe qui demeure toujours est Vous. Si vous vous identifiez au corps, vous aurez l’impression de mourir, alors qu’en réalité il n’y aucune mort puisque vous n’êtes pas le corps. Que votre corps soit là ou non, votre existence est toujours ; elle est éternelle.»
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Un Entretien sur la Parole

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Extrait du dialogue entre «un Japonais« et «un qui demande»:
J. Iki, c’est le vent de la silencieuse paix du ravissement resplendissant.
D. Le ravissement vous le prenez au mot, l’entendant comme une échappée qui transporte, comme l’arrachée qui porte au cœur de la calme paix du silence.
J. Nulle part, là, d’attrait ni d’impression.
D. Le ravissement qui transporte est comme faire-signe au loin, un faire signe qui invite à partir ou invite à venir.
J. Mais le faire-signe est l’annonce que dit le voile qui couvre tandis qu’il éclaircit.
D. Ainsi, toute venue en présence aurait sa provenance dans la grâce, entendue comme pur ravissement de la silencieuse paix et de son appel.
J. Comme vous me prêtez l’oreille, où plutôt comme vous écoutez les conjectures allusives qui me viennent, il s’éveille en moi un sentiment de confiance qui m’engage à laisser là l’hésitation qui me retenait de répondre à votre question.
D. Vous voulez dire la question : quel mot, en japonais, parle pour cela que, nous autres Européens, nommons « parole ».
J. Ce mot, j’avais pudeur, jusqu’à cet instant, à le dire, parce que je dois donner une traduction dans laquelle notre mot, pour « parole », va avoir l’air d’une simple transcription d’images, va sembler être un idéogramme, si la référence est le champ de la représentation et ses concepts ; car c’est bien à l’aide des seuls concepts que la science européenne et sa philosophie cherchent à saisir le déploiement de la parole.
D. Le mot japonais pour « parole », comment dit-il?
J. (après avoir encore hésité) Il dit: Koto ba[1].
D. Et cela veut dire?
J. Ba nomme les feuilles, mais aussi et en même temps les pétales. Pensez aux fleurs de cerisier et aux fleurs de prunier.
D. Et que veut dire Koto?
J. Répondre à cette question, voilà qui est suprêmement difficile. Pourtant, ce qui en facilite la tentative, c’est que nous avons osé préciser et situer l’Iki: le pur ravissement de la paix du silence en son appel. Or, le souffle, le vent de cette paix qui mène à soi et approprie ce ravissement et son appel, c’est: ce qui gouverne la venue de ce ravissement. Mais Koto nomme toujours aussi ce qui chaque fois ravit, donc le ravissement lui-même, venant rayonner, unique dans l’instant qui ne se répète jamais, avec la plénitude persuasive de la grâce.
D. Koto serait alors l’appropriement de l’éclaircissante annonce de la grâce.

[1] 言葉。

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L'Hymne des origines (ṚgVeda X, 129)

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Cet hymne de sept strophes remonte à plus de trois mille ans, un des plus forts textes de l'histoire de l'humanité, capable de réveiller les morts.
« Il n’y avait alors ni le non-étant ni l’étant, il n’y avait ni espace physique ni espace subtil au-delà de Cela.
Qu’est-ce qui voilait Cela ? Où ? Qu’est-ce qui l’abritait ? Qu’était l’Eau impénétrable et sans fond ? »
nāsad āsīn no sad āsīt tadānīṃ nāsīd rajo no viomā paro yat |
kim āvarīvaḥ kuha kasya śarmann ambhaḥ kim āsīd gahanaṃ gabhīram ||

Suite et explications: cliquer sur le titre.

Sermon no 52 «Beati pauperes spiritus» de Maître Eckhart (1260-1328)

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Maître Eckhart
Beati pauperes spiritu, quia ipsorum est regnum cælorum
Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux leur appartient

Par la bouche de la sagesse, la félicité énonça: «Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux leur appartient.» Les anges, les saints, tout ce qui ne naquit jamais doit être silence quand parle l'éternelle sagesse du Père car toute la sagesse des anges et de toutes les créatures n'est que pur néant devant l'insondable sagesse de Dieu. Cette sagesse a dit : «Heureux sont les pauvres.» Or il y a deux genres de pauvreté. La pauvreté extérieure, bonne et très louable lorsque l'homme la vit volontairement par amour pour notre Seigneur Jésus-Christ, comme lui-même l'a assumée sur terre. De cette pauvreté je ne veux pourtant pas parler plus avant maintenant. Plutôt, selon la parole de notre Seigneur, il est une autre pauvreté, une pauvreté intérieure; puisqu'il dit: «Heureux sont les pauvres en esprit.» Soyez, je vous prie, de tels pauvres afin de comprendre ce discours car, je vous le dis au nom de la vérité éternelle, si vous ne devenez pas semblables à cette vérité, vous ne pourrez pas me comprendre.

Suite: cliquer sur le titre

Le Cœur de la Reconnaissance, par Kṣemarāja (975-1025)

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Texte, traduction et commentaire du Pratyabhijñāhṛdayam (Le Cœur de la Reconnaissance) par Jean Bouchart d'Orval. On ne sait pratiquement rien sur Kṣemarāja, sauf qu’il vécu au Cachemire au début du XIe siècle et fut disciple (probablement le cousin aussi) d’Abhinavagupta. La Reconnaissance (pratyabhijñā) est un brillant développement à saveur plus métaphysique du courant de la Conscience vibrante (spanda), mais il ne convient pas de le réduire à de la simple métaphysique : il s’agit bien d’une reconnaissance directe du réel et non de raisonnements sur le réel. Somānanda en est considéré comme le fondateur. C’est au IXe siècle qu’il composa «La Vision de Śiva» (śivadṛṣṭi), dans laquelle il donna une orientation plus épistémologique à la doctrine de la Conscience vibrante. Son disciple, Utpaladeva (aussi appelé Utpalācārya) développa et systématisa cette orientation dans plusieurs ouvrages, dont «Les Stances sur la Reconnaissance du Seigneur» (Īśvarapratyabhijñākārikā). Utpaladeva transmit ce courant à Lakṣmanagupta, qui, à son tour, y initia Abhinavagupta. Fortement influencé par ce courant, celui-ci a écrit quatre commentaires 1 du texte d’Utpaladeva, preuve de la très haute estime dans laquelle il le tenait. Kṣemarāja, éminent disciple d’Abhinavagupta, nous a légué «Le Cœur de la Reconnaissance» (pratyabhijñāhṛdayam), un lumineux recueil d'aphorismes dans lequel il explique l’essentiel de la Reconnaissance. Nos vies n'ont de sens que vues et comprise comme un cheminement vers cette reconnaissance instantanée  de notre propre Réalité en tant que pure Lumière consciente.«La Lumière consciente autonome est la cause de l’accomplissement de l’univers.Par son inclination innée, elle déploie l’univers sur sa propre paroi.Elle (paraît) diversifiée à cause de la séparation entre l’objet de perception et le sujet percevant correspondants.Même la personne consciente, qui est par nature un reploiement de la Lumière consciente, est l’univers sous forme condensée.»citiḥ svatantrā viśvasiddhihetuḥ |
svecchayā svabhittau viśvam unmīlayati |
tan nānā anurūpagrāhyagrāhakabhedāt |
citiḥsaṃkocātmā cetano’pi saṃkucitaviśvamayaḥ |
Pratyabhijñāhṛdayam I, 1-4

Les Stances sur la reconnaissance du Seigneur, de Śrī Utpaladeva

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Un texte stupéfiant et d'une immense portée d'Utpaladeva (900-950), maître cachemirien: Īśvarapratyabhijñākārikāḥ, «Les Stances sur la Reconnaissance du Seigneur». La Connaissance, l'action et la doctrine sont les titres de ses trois sections. Sous la forme d'un texte parfois rigoureusement argumenté, il constitue une porte grande ouverte sur l'inconcevable Immensité bien au-delà des mots. C'est entre autres à Utpaladeva qu'on doit la doctrine de «l'apparition lumineuse» (ābhāsa) de toute chose: le moindre aspect de la réalité est lumière, apparition lumineuse, c'est un reflet dans le miroir de la conscience et a son ultime réalité dans la pure Lumière consciente que nous sommes. Utpaladeva conçoit la Réalité comme le Je absolu, l'Identité absolue, qui nous fait sentir tous d'être «soi-même». Un immense texte à lire lentement, méditer et savourer.
«D’une certaine manière je suis maintenant devenu le serviteur du Grand Seigneur et, souhaitant offrir assistance à l’humanité, je vais rendre accessible cette reconnaissance (du Seigneur) qui permet d’obtenir la perfection du Tout.»
kathaṃcidāsādya maheśvarasya dāsyaṃ janasyāpyupakāramicchan |
samastasampatsamavāptihetuṃ tatpratyabhijñāmupapādayāmi ||
Īśvarapratyabhijñākārikāḥ I, 1

La Bhagavad Gītā

Texte, traduction et commentaire de la Bhagavad Gītā par Jean Bouchart d'Orval.
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Écriture sacrée la plus célèbre et la plus célébrée en Inde, du moins dans l’Inde hindouiste, la Bhagavad Gītā est particulièrement appropriée à l’homme occidental moderne orienté vers l’action. En effet, le rapport entre la sagesse et l’action est au cœur même du dialogue entre Kṛṣṇa et Arjuna, c’est-à-dire entre le dieu incarné porteur de la connaissance suprême et le représentant de l’humanité en marche et en recherche.
«Si la splendeur de mille soleils devait se lever en même temps dans le ciel, elle ressemblerait à la splendeur de cet immense Soi-même.»
Bhagavad Gītā XI, 12

Les dix premiers vers de l'Odyssée

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Ces vers ont traversé des milliers d’années avant de venir enchanter notre esprit, mais un regard superficiel n’en peut déceler le grand secret. L’Odyssée est un coffre à trésor dont nous n’avons pas encore soulevé le double fond. Nous vous la raconterons ici comme vous ne l’avez peut-être jamais entendu raconter. À travers de puissants symboles remontant souvent à la tradition indo-européenne, Homère évoque un voyage initiatique.
L’Odyssée nous concerne tous intimement. C’est l’histoire de l’immense nostalgie que nous portons tous au cœur et du retour dans notre Patrie, avec nos errements, nos difficultés, nos démons intérieurs, nos désirs, nos peurs, nos égarements, nos espoirs et désespoirs, mais aussi les aides visibles et invisibles que nous recevons. Tout comme Ulysse, l’homme ardent et résilient dont le cœur est haut et propre doit nécessairement arriver à bon port et les dieux lui viennent toujours en aide.
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